Le nouvel an chinois à Saigon (Têt)

C’est déjà la dernière semaine de ce parcours de 3 mois et c’est le retour à la case départ, Saigon (Ho Chi Minh Ville).
Nous sommes le 20 février, c’est le nouvel an Chinois, appelé Têt Nguyên Dán, l’année de la Chèvre, la période de grandes vacances au Vietnam, tous les Bouddhistes se réunissent en famille, c’est à dire presque tout le monde. Cette cérémonie familiale est très semblable au nouvel an en Chine, c’est une simple réunion avec un bon repas, de la distribution d’argent aux enfants et personnes âgées, des pétards explosent dans tous les recoins de la ville pour faire fuir les mauvais esprits. La première personne croisée après le nouvel an définie la chance ou la malchance, beaucoup de gens ne sortent pas pendant plusieurs jours afin de ne pas tomber sur une personne de mauvais augure, tomber sur un étranger est une des principales craintes. La date du nouvel an commence le premier jour de la pleine lune qui se situe au milieu de la période séparant le solstice d’hiver de l’équinoxe de printemps.
Pendant le Têt, Saigon n’est pas désertée, mais est largement soulagée dans son trafic routier, beaucoup de restaurants et commerces ferment. Les hôtels pour touristes restent opérationnels et c’est même l’occasion de dénicher des promotions incroyables, j’ai réservé dans le district 1 une chambre spacieuse avec une réduction de 60% par rapport au prix habituel, je vais y rester 6 jours.

Je note immédiatement que l’ambiance est plus décontractée que lors de mon passage en Décembre, la ville tourne au ralenti, même  le flot des mobylettes est divisé par deux.

J’ai la chance de rencontrer deux jeunes femmes Chrétiennes, Nga et Ngoc,  elles ne fêtent pas le nouvel an et me proposent de passer deux journées dans la ville. Nga a un style glamour bien affirmé alors que Ngoc est plus classique et réservée.
Étant passager sur la mobylette de Nga, c’est l’occasion de filmer la circulation en fin de journée.

Pendant deux jours, Nga et Ngoc vont changer de vêtements je ne sais combien de fois, et vont poser à tour de rôle aux mêmes endroits, l’une après l’autre ou ensemble, ce qui fût amusant la première heure a fini par me lasser, n’arrivant pas à obtenir des expressions variées.


En s’arrêtant  sur le pont de Kinh Tẽ, la vue s’étend sur les bidonvilles secondés par les buildings modernes, comme déjà vu plus bas dans le district 7 dans mon premier article de Décembre.

Duyen n’est plus là, elle est partie en famille en bord de mer, elle a eu la gentillesse de me mettre en contact avec Cara, une femme de 35 ans, qui vient ici pour passer le nouvel an avec sa famille biologique, qu’elle connait très peu. En effet, Cara a été adoptée toute petite par une famille Américaine et vie aux USA, sa culture n’est donc pas Asiatique, elle parle un petit peu Vietnamien. C’est une personne très droite, franche, de tempérament calme et décidé.
A deux reprises, elle passera quelques heures à poser en Ao Dai, tenue traditionnelle Vietnamienne, cela n’a pas été facile de trouver des lieux dans cette grande ville, sachant que des parcs sont fermés pour Têt.

En photographiant Cara, je constate que les travaux de la façade de la poste sont terminés, j’y retourne ! Pour les photos de l’extraordinaire intérieur réalisé par Gustave Eiffel, voir ce premier article sur Saigon de Décembre.

Le Hoa Mai (Ochna Integerrima), est un arbuste qui fleurit au moment du nouvel an Lunaire (Chinois) et qui est un symbole de bonne fortune et d’éternité (fleur jaune), ici à Ho Chi Minh, on peut le croiser dans ou devant les hôtels et les immeubles, commerces, et bien sûr dans les cours des temples! Le Chrysanthème jaune est lui aussi très déployé.

Les fleurs sont un symbole très important pendant le nouvel an, des avenues sont devenues piétonnes et croulent sous les massifs et pots de fleurs, les Vietnamiens les arpentent longuement sous le soleil cuisant.

A l’extérieur du grand marché de Ben Thanh, les fleuristes préparent des compositions florales, pour les temples Bouddhistes et monuments Chrétiens, l’orchidée et le lotus sont les plus utilisés.

Les temples sont très fréquentés pendant cette période, comme la pagode de Vĩnh Nghiêm, dans le district 3 .

Celui-ci, tout petit, dans le district 1, est nerveusement gardé par un coq, qui doit être la mascotte du bâtiment.

Les églises Chrétiennes  suivent également le mouvement du Têt, de nombreuses fleurs sont exposées devant cette statue de Sainte Vierge, une autre église du XIXème siècle, celle de Tan Dinh, est étonnante par son rose pur. Dans la cour de certaines églises, comme celle de  Nhà thờn on peut observer les plaques commémoratives des défunts, certainement des paroissiens tués pendant les guerres…

Nga s’arrête devant un petit temple Chinois, dès mon entrée dans la cour, je suis surpris de voir des mobylettes garée en enfilade, les conducteurs attendent patiemment dessus, mais quoi ? Je ne tarde pas à voir déferler d’un bâtiment à l’arrière du temple une colonie d’enfants et adolescents qui viennent rejoindre leurs parents. Je constate que ce ne sont pas des écoliers, cela pourrait ressembler à des scouts, Nga ne parle quasiment pas Anglais et ne semble pas pouvoir identifier ce groupe. J’apprendrai plus tard que c’est une association / congrégation de Vietnamiens d’origine Chinoise, qui prennent des cours de Chinois, pratiquent des activités sportives et des arts martiaux chinois.

Le Chinatown de Saigon est très étendu, et c’est un peu tard que je le découvre, le marché de Cho Binh Tay est le plus vieux de la ville, et c’est là que l’on trouve tout au moindre coût, le meilleur rapport qualité/prix de Saigon. C’est un lieu inextricable, très chargé, un joyeux bordel et dès l’entré principale, avec ses escaliers oranges, on est tout de suite plongé dans une ambiance traditionnelle d’une autre époque.

La densité reste égale à l’extérieur, voici une petite vidéo qui montre le parcours piétonnier à travers les étals des marchands qui sont souvent à même le sol comme vu en Birmanie.

Quelques photos :

Chinatown est tout en désordre à l’image de ce marché, des vendeurs sont installés sur presque tous les trottoirs du district, je fais connaissance d’un groupe de vendeuses qui me demandent des photos, m’offrent un thé et me donne un profil facebook pour que j’envoie les portraits, sympa !

Et c’est dans ce quartier que je tombe sur une cérémonie de la danse du Lion, tradition incontournable du nouvel an lunaire, le Lion chasse les mauvais esprits et apporte la chance, la bonne fortune.
Quelques commerces sont créés à cette période, de façon à partir sur les meilleures bases possibles, et c’est justement un nouvel établissement qui bénéficie ici de cette cérémonie. Deux acrobates sont sous un costume de Lion, celui-ci est animé de toute part, les paupières, la bouche, la queue sont mobiles, le rituel est accompagnés de percussions. Le dragon est aussi de la partie, il est animé par le groupe d’acrobates et vole avec souplesse en tourbillonnant dans la petite rue qui devient rapidement encombrée. Le lion se prosterne devant le magasin et remue sa queue comme un petit chien, certainement pour montrer sa servitude.
Pendant toute la cérémonie, une vieille vendeuse d’un petit magasin m’offre des tasses de thé.

Les acrobates sont d’un très haut niveau, dans la vidéo suivante,  le Lion se dresse et  saute sur des piliers en métal, très périlleux, encore pire : il se penche dans le vide, cela demande que le protagoniste du haut soit retenu par celui du bas avec la force et l’équilibre nécessaires, quelle technique époustouflante !

Puis vient la séance de force  avec des « fakirs » qui vont se faire casser des plaques de béton parfois recouvertes de longues vis métalliques, sur le ventre, la tête, le dos, le tout sur une musique de merde.

A la fin, le Lion grimpe au sommet d’un pole pour je suppose aller chercher une offrande sous forme d’argent, hélas je tombe en panne de batterie à ce moment là et j’ai oublié de recharger les deux autres! Voici les différentes phases en photos, en plein soleil de midi .


C’est le lendemain que je quitte le Vietnam, pays très agréable, avec des spécialités culinaires délicieuses et des autochtones accueillants, je note une grande différence par rapport à mon premier passage en 2004, beaucoup moins de tentatives d’arnaques et un pays qui se modernise, sur la voie de la Thaïlande, avec tout ce que ça comporte de positif et son contraire…

 

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