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Méditation devant la porte dorée du Bouddha de Mahamuni

Mandalay : mes premiers pas en Birmanie.

La Birmanie, c’est l’ancien nom de l’actuel Myanmar, nouvelle dénomination pas très sexy, attribué par la junte militaire en 1989, à ce magnifique pays,  qui a considérablement ouvert ses frontières en 2011, le pouvoir en place reste une dictature et le mot liberté est encore une utopie.  Pour des recherches sur son histoire mouvementée, je vous laisse le soin de tapoter sur votre clavier avec vos petits doigts.

Il est très facile de trouver un vol à 120€  A/R Bangkok-Mandalay (centre du pays) ou Bangkok-Rangoon (sud du pays), pour environ 50€, le visa en ligne est facile à obtenir en 24h à cette adresse, qui est celle de l’immigration officielle Birmane.
Plus la peine de se munir de billets de Dollars neufs avant de passer la frontière, les Euros sont acceptés, ainsi que les Bahts Thaïlandais, les principales villes touristiques possèdent également quelques ATM et beaucoup de grands hôtels procèdent au change de devises. J’ai passé une matinée à changer des Bahts en Dollars à l’agence « Super Rich » (ne riez pas) de Bangkok, près de Central World,  qui a le meilleur taux de change toutes devises confondues, pour me rassurer avant un premier voyage, mais pour la prochaine fois, ça sera avec des Euros et des Bahts.

Merci à Air Asia de proposer une navette gratuite, à l’arrivée à l’aéroport, pour nous déposer dans le centre ville de Mandalay.
Au niveau hôtel, oui la Birmanie est plus chère que ses sœurs de l’Asie du Sud-Est, et cela depuis l’explosion touristique de ces 3 dernières années, notamment l’invasion de Français ; je n’ai jamais vu autant de touristes Français en Asie qu’en Birmanie!
Les infrastructures touristiques ne sont pas légion, le prix du mètre carré a flambé dans les grandes villes, cependant, le voyageur presque fauché peut trouver des guesthouses à 15€, petit déjeuner inclus, à Mandalay.
Arrivé à l’hôtel « Sahara », juste à côté du lieu de dépôt du bus Air Asia, avec des chambres doubles à 35€ petit déj inclus, j’ai dû me débarrasser, c’est bien le mot, d’une Française absolument insupportable et désagréable qui m’avait rejoint à Bangkok depuis Nice. Mon idéal fut atteint dès le deuxième jour, avec l’hôtel A.D.1, situé près du marché central, moins de 15€ la chambre avec douches, très sommaire, vétuste, mais propre et plutôt calme.

En prime, voilà l’ambiance sonore dont je bénéficiais au petit matin, qui provenait du monastère ou de la pagode au bout de la rue de l’hôtel:

Il a plu beaucoup les deux premiers jours, dans cette ville, qui, il faut l’avouer, ne ressemble à rien, juste de larges rues poussiéreuses qui quadrillent avec une lassante exactitude tout le centre ville autour du morne grand palais (reconstruit après incendie) et de ses douves. Des travaux et encore des travaux, une circulation, bien sûr dangereuse et quelques restaurants populaires et à bas prix qui proposent parfois des plats variés et mêmes bons, comme la salade de thé vert ( lahpet thoke), feuilles de thé broyées avec des cacahouètes et des fèves, tomates, sésame et crevettes séchées… un délice.

Le marché central de Zegyo

La découverte de Mandalay commence donc un jour de pluie, à côté de mon Hôtel, dans le marché de Zegyo, dont les rues devenues boueuses sont très animées, les marchands sont communicatifs et posent volontiers.

Ce couple qui se rend au marché achètera peut être ces offrandes religieuses confectionnées à partir de billets de banque pliés…

Une des particularités apparentes de la Birmanie, en dehors du Tanaka, poudre jaune issue d’un bois qui sert à protéger le visage, c’est le portage en équilibre sur la tête, et apparemment l’horrible glutamate de sodium est largement utilisé, si l’on en croit cet énorme sac sur le crâne de madame, à moins qu’il ne contienne que de la coke.

Dans ce marché, on y trouve de tout, bien sûr, beaucoup de poissons séchés, des fruits, des légumes, comme cette quantité astronomique d’échalotes!

Dans les rues du marché, des hommes naturellement équilibristes sont assis sur leur vélo, d’autres pédalent péniblement dans le sol gluant, les scènes de vie sont plutôt joviales et ne manquent pas de solidarité, on retrouve la pauvreté affichée au Laos ou au Cambodge, avec une plus grande timidité vis à vis du touriste.

Les nonnes Bouddhistes

Mais que sont ses roses silhouettes aperçues en arrière plan de quelques photos ci-dessus ? Ce sont des jeunes femmes moines, c’est à dire des nonnes, on en croise partout dans le pays, en Thaïlande elles sont en blanc et rares (comme dans cet article) ici le rose envahie parfois les rues.

Quelques pagodes et monastères de Mandalay

La pluie a cessé, allons voir quelques pagodes dans Mandalay, je parlerai des autres villages environnants dans le prochain article.
Grâce à mon super sympa et ultra agréable « Fatty », mon moto taxi rencontré au coin d’un modeste restaurant, je peux tracer n’importe où, il a quitté son travail d’ingénieur dans je ne sais plus quoi et gagne enfin sa vie, il faut dire qu’à 25$ la journée, quand il a la chance d’avoir un client, dans un pays où le salaire est souvent de 60$/ mois, on le comprend. Pour lui j’accepte sans broncher le tarif, rarement rencontré une personne aussi serviable et enjouée, ce qui n’était pas le cas de mon premier taxi, un jeune gars qui se contentait de balader le touriste sans aucun enthousiasme.

Il reste peu de temps aujourd’hui, on se dirige vers le nord de la ville, pas loin des collines, derrière le  Grand palais qu’il faut contourner.
Première destination: la pagode Sandamuni Paya, un champ gigantesque de stupas (ou chedis) blanches et des textes Bouddhiques sur des stèles en albâtre, à perte de vue.

Dans la pagode, un moine méditait et chantait, voici un extrait:

Juste à côté, la pagode Kuthodaw reprend le même principe, encore des textes enfermés dans des grilles, 729 stèles qui représentent le plus grand livre au monde, il faudrait 460 jours de lecture à raison de 8h par jour pour tout lire ! Heureusement, c’est en Birman et ce n’est finalement pas un livre, car je n’ai pas trouvé le marque-pages.
Ici des enfants vendent des fleurs de lotus en offrandes et des bijoux comme des bracelets en pépin de pommes. A noter la présence d’un arbre, le Mimusops elengi, de 120 ans, ainsi qu’un autre arbre aux branches tortueuses et explosives, que je n’ai pas encore identifié.


Un gars est employé à taper sur un gong kyeezee à chaque fois qu’un passant se prosterne devant la statue de Bouddha, et cela toute la journée, le Kyeezee est une cloche plate qui tournoie et produit des ondes rotatives saisissantes, le regard de cet homme est concentré, presque possédé, avec un mélange d’ennui ou de résignation qu’il aime camoufler en tirant sur une énorme cigarette dès que le champ est libre, fumette et diiiiinnnnnngggg sont les deux activités que pôle emploi pourrait bien nous proposer si nous devenions un jour Bouddhistes et très pauvres.

En attendant, voici le son produit, qui est formidable:

Ah oui, et voici le gars en question, au travail et en micro-pause:

Pas très loin, on tombe sur le monastère de Shwe Kyaung , en bois de teck, une œuvre majeure de la région, un chef d’œuvre de sculpture, hélas mes photos, elles,  ne sont pas des réussites, le ciel est blanc, la structure est en contre-jour et sombre, le pire cas en photographie.

Juste à côté, le monastère d’or ( Shwe Nan Daw ), autre construction spectaculaire, dans laquelle le roi Mindon vécu et mourut au XIXème Siècle. Autrefois rattaché au palais royal qui a brûlé et a été reconstruit sans âme, ce bâtiment a pu échapper à l’incendie car le fils du Roi l’a fait transporter ici en 1880, c’est à dire avant le sinistre. C’est encore une construction en teck, dont le travail au plafond est presque miraculeux.

La Pagode Su Taung Pyi domine les collines de Mandalay, on y accède par des marches et des tapis roulants, on peut aussi grimper dans les collines en passant entre deux statues géantes, gardiennes des lieux. Du haut de la pagode, une vaste vue de la plaine est prévue, mais vous me connaissez et jamais il ne fait beau, ou presque, quand je monte à plus de 10 mètres.

On tourne la page en arrière, j’allais oublier cette pagode que j’ai visité le premier jour en compagnie de la lugubre Française, c’est la pagode Mahamuni, avec son Bouddha de 4m de haut, boursouflé par plus de 1000 feuilles d’or que les fidèles collent quotidiennement, un des lieux religieux les plus adulés de toute la Birmanie, hélas la pagode a brûlé et a été reconstruite au XXème siècle, d’où l’aspect très douteux de l’ensemble. Les Coréens ont l’air de bien s’amuser dans la cour, qui semble être l’endroit idéal pour des selfies qui ennuient les petites filles.

Dans les rues adjacentes, des moines jouent au foot dans la cour d’un monastère, un taxi collectif plein à craquer et prêt à conduire ses passagers, si jamais il démarre… en tous cas le chien s’en fout.

La rue des artisans

Je suis retourné avec Fatty, un jour de beau temps, aux alentours de cette pagode, pour découvrir les dizaines d’ateliers d’artisans qui sculptent des statues d’albâtre, de bois, des marionnettes traditionnelles, de la broderie, ferronnerie …un chantier permanent dans ses rues recouvertes de poudre crayeuse, les Birmans ont un magnifique savoir faire et comme tous les Asiatiques, ils sont méticuleux et patients.

Un autre monastère en bois, le Shwe In Bin Kyaung, siège à l’ouest dans la ville.

Les bidonvilles au bord du fleuve Irrawaddy

Pour finir ce petit tour de Mandalay et en attendant de découvrir les villages environnants, Fatty me laisse au bord du fleuve Irrawaddy, là ce sont des quartiers pauvres qui longent la rive, des taudis… des bidonvilles.

Les habitations sont parfois très sommaires, du bois et des bâches plastiques, le lieu est jonché de matières plastiques que des cochons fouillent en longueur de journée.

Ce village est habité par une communauté de travailleurs, des Stakhanovistes du portage de bois, des bateaux à quai contiennent des tonnes de bouts de bois et des troncs qu’il faut décharger et déposer dans des camions en haut du talus, toute la journée ils vont et viennent, accédant aux bateaux sur de minces et étroites planches de bois, sidérant.

Une vaste étendue de radeaux en bambou permet à cette pauvre communauté de laver et étendre le linge, de faire la vaisselle, de se savonner…

Des barques sont utilisées pour traverser cette rivière qui se jette dans l’Irrawaddy et pour rejoindre le « doux » foyer familial, qui ne doit pas manquer d’être chaleureux, ici la solidarité semble être à son paroxysme, les enfants jouent, bien sûr, comme partout dans le monde.

Le pauvre marché aux poissons

De l’autre côté de la route, à moins d’un kilomètre, un marché aux poissons étale la pêche du jour à même le sol, là encore, dans des conditions extrêmement précaires, la Thaïlande voisine était comme cela il y a bien 50 ans.

Dans une rue adjacente, un marché aux fleurs dispose des mêmes sophistications, les vieilles mobylettes servent de présentoirs et deviennent même ravissantes.

Cette petite touche colorée termine cette première visite de Mandalay.

 

(7 commentaires)

    1. Merci pour ce blog, le son et vos jolies photos. Cela me permet de m’imaginer ce que mes enfants (belges) voient en ce moment, en ce début février 2018 … J’ai eu un message vocal via WhatsApp aujourd’hui de Mandalay : conversation très claire, très bien reçue en Belgique, parfaitement audible !

  1. Super article. Merci bien pour le partage et ses tres belles photos. La Birmanie est encore un pays preserve en Asie du Sud Est. Bonne continuation !!!

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