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Une protection complète contre le soleil assassin

Khon Kaen et ses environs, la culture de L’issan

Khon Kaen

Pour me rendre à Khon Kaen, j’ai pris un bus de nuit, partant d’ Uttaradit à 22H30 pour arriver à 5h, c’est une ville dynamique de la région de L’Issan, le cœur de la culture Thaïlandaise. Pox, une amie née ici, m’a rejoint deux jours plus tard. La ville en elle-même n’a rien d’exceptionnel, elle est située au bord d’un lac, un temple pyramidal se dresse sur une des berges, le Phra Mahathat Kaen nakhon , le vent fait tinter les milliers de clochettes suspendues sur toute sa structure.

Suan Mon, le village aux tortues.

A environ 60km de Khon Kaen, le village de Suan Mon, aussi appelé « village aux tortues », est un endroit paisible, plus de 2000 de ces charmants reptiles terrestres s’y promènent, broutant les feuillages ou les légumes distribués par les habitants. En pleine journée, elles évitent de s’exposer au soleil direct, on peut quand même en apercevoir facilement. Le village est très fleuri, quelques jardins montrent des efforts d’esthétisme, pas si courant en Thaïlande, le plus important de tout: les chiens sourient aussi.

A l’entrée du village, un temple est dédié aux vénérées tortues,  un mélange d’Animisme et de Bouddhisme, très répandu en Thaïlande.

Deux jours chez Aom.

Il est temps de rejoindre Aom, une amie habitant Kham Muang, un village à 100km au nord de Khon Khaen, elle est artisane, confectionne des tenues traditionnelles en coton et en soie. Elle et sa famille vivent dans une ferme modeste, son père cultive le riz aux alentours. C’est avec une immense joie que je la rencontre enfin, en compagnie de Pox, l’hébergement et la vie à même le sol est à la fois simple et agréable, pas de superflu et les déménagements doivent être un vrai bonheur dans ce pays!
Voici un intérieur classique, avec les incontournables photos du Roi Rama IX affichées sur un mur, il est vénéré juste en dessous de Bouddha par presque 100% des Thaïs, le régime a permis au pays de ne jamais être colonisé, une grande fierté pour tout le peuple. Il est âgé à présent de 85 ans et est le Roi le plus riche du monde.

Au petit matin, c’est la préparation du Khin Khao (khin=manger  Khao= riz), que nous apporterons au champs de riz pour le déguster en famille.
Saucisses découpées et grillées, légumes frits, herbes variées et sauces diverses pour accompagner le riz. Ça a tout de même flambé sérieux!

Les lueurs de l’aube réveillent le petit village qui ne tarde pas à s’animer, c’est l’heure de l’aumône des Moines, les habitants attendent leur passage sur la route, pour leur distribuer la nourriture quotidienne. Pox arrose le potager bio de Aom, avant que le soleil ne vienne très vite frapper la zone.

Un homme passe et libère deux coqs dans la cour, en face de la maison de Aom, juste le temps de vérifier si les deux lascars sont en forme, pour une joute d’une dizaine de minutes. Pour moi c’est une première et j’ai juste le temps de saisir mon appareil, les gestuelles rappellent vraiment deux hommes au combat, c’est à la fois fascinant et cruel, leurs regards sont fixes et transpirent une haine infinie.

Nous rejoignons le père de Aom, en traversant des champs de cannes à sucre, il est occupé à lier le riz fauché en petites bottes, cela permet à un autre groupe de le ramasser pour le passer dans la machine à égrener, déjà vu dans cet article: Umphang et sa région. Le riz est ensuite séché deux ou trois jours au soleil sur de vastes nappes en nylon, et stocké dans de grands sacs, avant d’être amené dans un lieu où il sera conservé.

Il est maintenant plus de 8h, c’est l’heure du petit déj, la plupart des thaïs ne mangent pas au réveil, seulement quelques heures après. Nous dégustons la cuisine de Aom, dans l’abri en bambou, à proximité du champ de riz.

L’après midi, on file à Dong Mueang Am, un autre village, Aom, en compagnie du chef, nous fait découvrir l’élevage local du vers à soie, le célèbre bombyx du murier. Deux adorables vieilles dames s’occupent d’élever les chenilles, en partant des œufs; après 4 à 5 mues, la chenille va tisser son cocon pour se nymphoser  confortablement. L’espèce locale tisse des cocons orange vif; au premier stade, les chenilles sont simplement posées dans un large plateau en osier, plus grande, à partir de la troisième mue, c’est dans une grande spirale en osier, avec des délimiteurs, un vrai terrain olympique. Elles sont stockés à l’abri de la lumière et le lieu est protégé par une grande moustiquaire, afin d’éviter les prédateurs, surtout les oiseaux, bien sûr. Les cocons sont ensuite récupérés et plongés dans de l’eau bouillante, dans une jarre en métal, surmonté d’un rouet sommaire, permettant d’obtenir les pelotes de soie.

En Issan, on fabrique également des nattes de joncs, à partir de ce que nous appelons en France le « faux papyrus », Cyperus Alternifoliusune, herbe aquatique souvent présente chez nos fleuristes ou jardineries. La tante de Aom utilise sont métier à tisser quotidiennement.

En fin de journée, Aom pose avec humour et autodérision à la gare du village, dans un zoo et dans les rizières, dans une tenue en coton de sa conception. 🙂

(2 commentaires)

  1. C’est à la fois esthétique et pédagogique .Dépaysant d’approcher de plus près cette vie de paysan faite de travaux pénibles ou minutieux .Et comme souvent , on est content de regarder longuement ce qui a été saisi sur le vif et n’a duré qu’un instant : l’expression d’un regard ,un mouvement, des bêtes et bestioles belles ou moches mais toujours fascinantes .

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