Pour ma nouvelle arrivée à Bkk cette année, une première: le changement de quartier de résidence, au lieu de me diriger dans le « paisible Thewet », cette fois-ci je suis tenté par la modernité de Sukhumvit, un modeste mais très correct hôtel me faisait de l’œil sur le net, il est tenu par un français. Au pied de la station de BTS Thong lo, première rue à droite après la sortie 1, la guesthouse m’attendait. La chambre est très correcte mais tout de même un petit peu trop copine avec la grande avenue, le résultat associé à l’effet « jetlag » fut une nuit blanche presque complète.
Et pourtant, dans cette densité bétonnée, criblée de milliers de voitures diffusant sans cesse les odeurs les plus carburées qui soient, dans cette folie que l’homme a construite au sein même de ce qui était autrefois une vraie jungle naturelle, je n’ai pu m’empêcher de sourire tendrement à la vue de ce bel écureuil athlète, arpentant le complexe foutoir de fils électriques de l’autre côté de la rue, devant ma fenêtre. Quelques pas dehors afin d’essayer de comprendre ce que je suis venu chercher ou retrouver ici, il est 7 heures du mat et j’ai faim. LA réponse sensorielle ne se fait pas attendre: une claque d’air brûlant, mais pourtant imprégnant agréablement la peau de mes bras, des odeurs d’épices et des vapeurs alléchantes s’échappant des gargotes alignées le long des trottoirs, le vrombissement démesuré de la circulation semblant tout écraser, au point de devenir une forme d’onde palpable, un monstrueux accordéon impudique étiré dans les moindres recoins disponibles, enveloppant toutes les formes de vie en activité, ce débordement général lié à cette impression de bien être, sont les deux cotylédons de cette étrange plante asiatique grise et coloriée, désespérée et enivrante, oppressante et caressante, cinglante mais docile. Une seconde suffit pour injecter cette piqûre de rappel, m’ancrer dans cette nouvelle réalité, et je me sens bien. Une vilaine impasse terne dans laquelle des tables en aluminium sont alignées, sera mon premier lieu de restauration, un café noir et un plat de riz recouvert d’une omelette Thaï épicée et grasse, un petit régal matinal, pendant que chante le coucou Koël (à écouter dans ce billet), qui décidément, est inévitable quel que soit l’environnement.
L’après midi, j’ai la chance de rencontrer le boss de l’hôtel, un jeune français voyageur qui a repris cette affaire depuis 3 ans, super contact, il me fait découvrir un petit restau aux pat thai de fruits de mer succulent. Il me propose également une chambre plus éloignée de la route et plus spacieuse! Le reste de la journée ne sera que repos.
Jeudi matin, Pep, que je n’ai pas vu depuis février 2011, qui est guide touristique et parle français, me propose de visiter le marché de Maeklong, près de celui d’Amphawa (voir ce billet), il a une particularité unique et étonnante: les étals des commerçants sont disposés le long de la voie de chemin de fer, le train, le plus lent de Thaïlande! Il passe 4 fois par jour, les vendeurs ont alors quelques secondes pour replier les devantures et ranger les étals! Une bien curieuse tradition!
Voici une vidéo du phénomène, ça bouge pas mal car j’ai dû changer de place et l’endroit était agité!
Un peu plus tard dans l’aprem, visite du temple Wat Bang Kung, à Amphawa, dévoré par les racines de figuiers, un « Angkor miniature » habité par un grand Bouddha couvert de feuilles d’or et visité par de superbes papillons de la famille des piérides. Une ballade dans le parc du roi Rama II, qui était un fin épicurien mais également un passionné d’art et un poète inspiré, termine cette belle journée.
Retour dans l’enfer de Bangkok et sur un coup de tête avec Alain, départ en nocturne pour rejoindre Muay à Mae sot, afin d’arriver au petit matin…
Ton blog est excellent Stéphane. C’est un grand plaisir d’admirer tes photos et de te lire. Tu arrives à nous faire partager tes sensations et tes émotions avec beaucoup d’adresse et de style.
Bonne continuation à toi, l’artiste, le voyageur et l’humaniste que tu es.
Bien sincèrement,
Corinne
Pour info, la voie de chemin de fer est en rénovation jusqu’en novembre 2015. D’ici là aucun train ne devrait plus traverser ce marché. Donc si vous voulez profiter de ce spectacle étonnant, il faudra être un peu patient 😉
Merci à toi pour cette info précieuse! Il reste le marché flottant d’Amphawa juste à côté et le temple décrit dans l’article. Bonne journée.