Nous sommes enfin à Katmandou
C’est une ville plantée dans une grande vallée. Certainement malade, elle peine à contenir ses innombrables habitants, avec ses ruelles exiguës, où se faufiler entre côtes (miam), bustes, scooters, voitures est une mission difficile pour le piéton européen.
Ici, aucune règle familière, l’anarchie déploie ses ondulations jusque dans le liquide nauséabond de la rivière abandonnée, qui essaie d’ingurgiter ses milliers de tonnes d’immondes offrandes quotidiennes, les dégobillant par endroits en bouquets parsemés du plus bel effet, peut être une dernière tentative, un dernier espoir, pour elle, d’attirer le regard de l’homme, avant son dernier souffle…
Kathmandou possède un des plus grand stûpa (édifice bouddhique) au monde, le « visage » de bouddha, coiffé d’une pointe métallique symbolisant l’éther, noyé dans l’air vicié de la ville, buriné par les milliards de coups de klaxons quotidiens, sculpture sonore suprême et omniprésente, dôme vibratoire, code de la route, qui interfère avec le Ôm universel émanant des temples, loi de l’univers. Kathmandou est pauvre, souvent misérable, sa population est souriante et très occupée, l’agitation est permanente, depuis l’aube au marché de Durbar Square, jusqu’à vingt deux heures, où dealers, junkies, prostituées et chiens tonitruants se répondent dans les rues refroidies de la nuit.
La ville ne respire pas, le seul espace naturel n’est qu’un grand parallélépipède tapis de hautes herbes vertes et bordé de rares arbres. Nous mangeons correctement, les momos (raviolis) et dal Bath (riz et lentilles) sont nos plats favoris, nous logeons dans le vieux quartier près des temples de Durbar square, moi dans un hôtel à six dollars, et mes joyeux compagnons dans une lodge à quatre dollars cinquante! Les journées sont chaudes, entre vingt cinq et trente degrés, les nuits plutôt fraiches.
L’ambiance est très bonnes, mais saturés de l’activité de Kathmandu, il nous tarde de rejoindre les plus hautes montagnes du monde, c’est pour demain!