Arrivé avec Ning à Satun, tout au sud de la côte Andaman, à la frontière de La Malaisie, chez Wew, une prof d’une école spécialisée, financée par des fonds royaux, pour les enfants en difficulté sociale (drames familiaux, parents séparés, orphelins, vendus etc.). Wew vivait seule dans sa maison; suite à un cambriolage, son père est venu habiter avec elle pour la sécuriser; suite à un problème de santé, sa sœur est arrivée à son tour pour prendre soin de lui.
J’ai droit à une hutte en bambou au fond du jardin, un petit carré noyé dans les chants nocturnes des grenouilles dévoreuses de moustiques.
Nous voilà donc à trois pour de nouvelles découvertes, cela commence par la visite de la mangrove en compagnie de Ning, l’accès étant interdit pour cause de réparations des pontons en bois, Ning échange quelques mots magiques avec le ranger du parc, et nous voilà invités à traverser par un passage secret. Cette mangrove est immense, la plus grande du pays, elle couvre toute la région du bord de mer jusqu’à plusieurs kilomètres dans les terres et comporte une infinité de canaux, une merveille. De curieux poissons marcheurs et sauteurs, rappelant les gobies, évoluent sur la vase, les mâles s’affrontent en hérissant leur nageoire dorsale colorée et en ouvrant la gueule le plus largement possible, de nombreux serpents gris, mimétiques, assistent au spectacle. Les gardiens nous invitent pour le lendemain, à une journée « plantation »…ce qui est à la fois tentant et inquiétant, vu le nombre de reptiles aperçus.
L’après midi, visite de l’école: une à deux fois par mois, les enfants peuvent rentrer en week-end chez leurs parents ou tuteurs, pour la plupart c’est une épreuve émotionnelle, une question de chance, certains parents habitent très loin et ne viennent jamais, d’autres ne se sentent pas près pour les revoir ou affrontent d’autres problèmes. Ils attendent, leurs affaires sur le dos, toujours prêts, riant, rêvant ou parfois inquiets. Leur visage s’illumine dès que la voiture ou la mobylette salvatrice apparait sur la route, près du dortoir, ils saisissent instantanément leur corbeille de linge sale (uniquement après 7 ans) et partent en galopant vers le véhicule. Nous avons attendu avec eux presque trois heures, jusqu’au couchant, les derniers se sont avancés sur la route, espérant que ce mouvement provoquerai des arrivées, ou tout simplement pour être plus facilement visible, on ne sait jamais…la chance se provoque, mais il était bien tard, ce soir là, pour la Thaïlande…
A 18h30, dans la maison de Wew, c’est l’heure du Kin Khao, le repas traditionnel Thai, le riz (Khao) accompagné de curry, de poisson, de légumes frits, de poulet, de bœuf, plusieurs accompagnements que l’on retrouvera le lendemain matin pour le petit dèj, bon et épicé!! Pour dessert c’est une soupe sucré aux haricots rouges, très proche de l’Azuki du Japon.